Archives Départementales du Gard.       Eglise Saint Julien de Montredon. 1687                                                  B.Pagés ADG 22.1.16

     Donnée à l’abbaye de Psalmody en 813 et dépendante de la baronnie de Montredon, cette église se compose de deux bâtiments juxtaposés, au Nord grande chapelle d’un ancien prieuré du XI°S., au Sud chapelle plus modeste et plus récente du XII°S, en rappelant qu’elle se situe sur le territoire d’un ancien vicus de l’antiquité tardive: Varatanum. Elle a servi d’église paroissiale de Salinelles jusqu’en 1870. Montredon était une Communauté avec consuls et notaire dont le château contenait une chapelle castrale dénommée « de Saint Sauveur et de la  Sainte Trinité », détruite en même temps que le château mais dont il reste un pan de mur avec une baie ajourée, jusqu’à la révolution ses biens seront gérés par un prieur (divers textes dont une mise en possession de1679). Le texte transcris est un prifait de 1687: enduire et blanchir l’interieur de la nef, faire une chaire, un bénitier et un fonds baptismal. Travaux exécutés après la visite pastorale de l’évêque et l’ordonnance de l’intendance du Languedoc, travaux pris en charge par la Communauté de Salinelles.

Prisfait ,

L’an 1687 et le 15 du mois de juin après midy, dans Sommières par devant moy notaire et tesmoins, ont estes présents Jean Granier consul du lieu de Salinelles et Salomon Verrieu consul du lieu de Montredon tout l’un deux l’une paroisse de Saint Julien, lesquels sachant et en conséquence de la visite de Monseigneur l’Illustrissime et reverentissime évêque de Nismes quy leur ordonne de faire les réparations dans leur église paroissiale et ceux de monsieur l’intendant quy ordonne que les dites réparations seront menées aux enchères pour en faire la délivrance à celuy quy en faira les conditions les meilleures, ayant fait les proclamations en ayant eu diverses moins dites, la derniere fut Antoine Olivier M° gypsier (platrier) de la ville de Sommières suivant le devis pour la somme de 500 livres , attendu qu’il se trouve le moins disant et lesdits consuls luy ont passé le présent bail des  réparations suivantes :

Premièrement, que ledit entre preneur sera tenu faire aliser (enduire) et blanchir toute la nef à la réserve de l’imposte et des arcs de la vouste quy seront tout simplement blanchis, fera encore la chaire après avoir fait à pan bien proportionné, porté par un arc de l’œuvre avec son architecture, base et chapiteaux, entre les deux chapiteaux une pierre de taille suportera ladite chaire par un chérubin avec plastre et briques  et un petit degré pour y acceder quy sera marqué à l’entrée à l’endroit le plus commode, mesme sera tenu ledit entrepreneur de paver la nef en pierre de Pondres  et un bénitier de la mesme pierre en fasson de balustre et une font baptimalle en pierre  de taille et sa couverture en ayant forme et fasson de dome.

Lequel entrepreneur sera tenu de faire le travail dans les trois mois prochains pour la somme de 500 livres payables le tout en cours du travail et le surplus à la fin d’iceluy et à peyne de ses despens. De pour ce faire les parties ont soumis leurs biens présents et advenir et le sieurs consuls ceux de leur Communauté, soumis aux rigueurs de Mr le Sénéchal et Cours du Petit Scel Royal de Montpellier et Royale de Sommières, escrit et récite à mon estude, présent Pierre Compan  avec le viguier de Monredon et l’entrepreneur et ledit Granier et moy notaire royal soubsigné.               Signatures.

 

        Les églises rurales.  Par M° Magnou-Nortier, professeur émérite spécialiste du moyen-âge, étude sur la société laîque et l’église en Narbonnaise du VII° au XI°siècle.

Les documents écrits restituent à l’historien une certaine image des communautés rurale du Midi. Vu la faible densité de la population la stabilité et la personnalité de ces communautés, l’importance prise  au cours du XI siècle par la paroisse comme chef-lieu de leur culte et assiette de leurs redevances, la place modeste , quoique centrale aux yeux des fidèles du clergé rural dont le genre de vie diffère si peu de celui de ses ouailles, vu aussi le fait qu’il paraît investi davantage du rôle de tenancier et gardien des lieux sacrés, églises et cimetières, que celui de prédicateur et de ministre des sacrements, l’historien suppose l’existence d’églises qui se confondraient presque par la taille et l’allure avec les maisons paysannes. Les églises ou chapelles de Catalogne sont une réponse à cette attente.

Le type le plus répandu d’oratoires pré-romans  en Biterrois est celui qui offre une nef unique et un chœur quadrangulaire. Il répondait mieux aux besoins du culte comme aux  possibilités techniques et pécuniaires des habitants. De tels avantages expliquent son succès dans «  la plus grande partie de l’Europe ». Ces constructions aux murs épais de moellons, sans autres ornements extérieur que des fenêtres étroites comme des meurtrières et une porte surmontée d’un arc en tas de charge ou légèrement outrepassé, paraissent, aujourd’hui dépouillées  de grâce. C’est que tout signe de vie, tout élément, voire toute trace de décor intérieur ont le plus souvent disparu. Quand, par miracle, ils nous sont restitués comme à l’Ecluse, éclatent à nos yeux la fraicheur, la vigueur, la liberté du sentiment religieux qui s’y exprime.

A l’époque romane se répandent des églises à chevet semi- circulaires : Exigeant une couverture en demi-coupole. Le succès de cette formule prouverait une habilité plus grande des maçons liée peut-être au succès  des recherches architecturales menées sur des chantiers importants. Il faut tenir compte aussi de la richesse du maitre de l’œuvre : les moyens utilisés par les évêques ne pouvaient se comparer à ceux dont disposaient de modestes paroissiens. Certaines possédées trois nefs terminées par trois absides semi-circulaires accolées ; les plus humbles ne possèdent qu’une nef.  De même une chapelle castrale, un prieuré rural d’un grand monastère présentent entre eux de notables différences. Bien que rudimentaires, ces classifications introduisent beaucoup de variétés dans les édifices d’une même époque.