Archives du Gard. M°Duranc. Sommières 1782.                                                                                                            B.Pagés. ADG 8.2.2016

Inventaire après décès par les héritiers du magasin d’un Mangonnier: Marchand avec boutique rue aux herbes (peut être rue jardinière), revendeur au détail de denrées comestibles et ménagères, on trouve aussi le métier de Revendeur ou plus souvent de Regrattier, détaillant sur les marchés. Ces inventaires sont dressés par notaire accompagné d’un expert. Tout est énuméré et copié, pièce par pièce: biens fonciers, mobiliers, denrées et actes divers. C’est une source sur les conditions du cadre de vie dans lequel s’écoulait la vie des habitants à une époque donnée, ici en 1782. Souvenirs d’un passé qui mieux que des fragments et restes d’objets que les ans ont épargnés, nous présente la « photo » de l’intérieur des maisons sommiéroises sans aucune erreur ni anachronisme. On remarquera que les vêtements font l’objet d’une description très précise, la présence de riz et de savon produit avec les résidus des moulins à foulons (battage des tissus). La livre environ 350 grammes, le quintal=40 kg, once=30gr. Le majol mesure locale

Inventaire ,

le 4 septembre 1782 après midy, par devant moy notaire et tesmoins soubsignés, fut présente Marie Albaret, fille de François Albaret revendeur, habitante dudit Sommières, assistée de son père nous a dit que Catherine Saumade, sa cousine germaine estais décédé en cette ville et cette maison le 24 juin dernier après avoir fait son testament le 19 janvier 1780 duement concellé et inscrit le 10 août dernier par lequel après plusieurs legs, elle a institué  la comparente pour son héritiere universelle et géneralle et que pour conestre  les forces  de ladite hérédité, elle requiert qu’il nous plaise de proceder à l’inventaire des meubles et effets mobiliers par elle délaissé, nous nous sommes transportés avec les tesmoins dans la maison indiqué, situé rue aux Herbes de cette ville où nous avons procédé comme suit .

En premier lieu dans la boutique de ladite nous y avons trouvé: 4 livres de caffé, 6 livres de sucre, autant pesant de cassonade, 7 livres et demi de coton filé ou faux-filé, 1 quintal et 6 livres de savon blanc ou gris, 1 livre d’azur, 1 livre et demi de poivre, 20 livres de vermicelly, 5 livres d’amidon, 2 livres d’amandes cuites, 1quintal de riz, 2 quintaux et 15 livres d ‘aricots vieux et petits,1 quintal de gros aricots, 75 livres d’alun, le tout poids de table.

Une paire de vieilles balances trouvées avec leur manche, un poids de fonte de 3 livres, deux de 1 livre, un de demi livre, de 1 quart, 1 demi quart, un de 1 once et un de 2 onces, 6 vieilles saches servant à tenir les légumes ou le riz, trois quart de grosses pipes communes, une jausette bois dit couladou, un moulin à poivre hors d’usage, un vieux comptoir à tiroirs vermoulus et hors service , 3 paquets de cordes de jong marin appelé caramel et 2 plus gros, 2 douzaines de vieilles boites, la plus part sans couvercles, 6 caisses vieilles hors d’usage, 3 mesures de fer blanc à mesurer l’huile, 1 d’un majol de mauvaise valeur, l’autre de 2 majols et 1 d’un quart de majol de mauvaise valeur.

Et de la boutique estant montés en second lieu à la chambre sur l’arceau formant le premier estage, nous y avons trouvé un bois de lit à quenouille noyer absolument hors d’usage, ayant avec sa paillasse deux matelas laine pelade, un traversin plume, une couverture indienne, une autre laine, un tour de lit laine verte,  le tout extrêmement usé et de la plus mauvaise valeur que nous avons trouvé supporté par deux bancs en trois planches, le ciel ayant de petites tringles. Deux armoires appelées vulgairement cabinets, une de grandeur ordinaire et l’autre plus petit fermant à clef, de bois blanc et mauvaise valeur dans lequel nous avons trouvé un déshabillé lapin, un pet en laine et une garnie jaune, une jupe brochée blanche, une austre aussy piqué et blanche, deux tabliers indienne, l’un bleu et l’austre rouge, deux mouchoirs, cinq chemises, deux paires bas coton blanc, une pointe gradée, un drap bleu de mousseline, une teste, deux coquettes, trois bonnets, un petit davier sans chaine, une badine très petite et une paire de soulier avec des boucles d’étain, un mantelet sergette noire, trois déshabillés brodés, un d’indienne à fonds bleu à dessin, une austre indienne rayée et l’austre brodée, un pet en laine d’indienne fond blanc à rayures bleues, un cotillon ou jupe flanelle, un mouchoir de soie jaune, deux béguines, une matelote piquée et une austre de finette, deux tabliers d’indienne fond blanc, quatre draps de lit, le tout de mauvaises valeur.

Plus une table carrée à pieds vermoulus, un petit miroir à cadre d’ollivier, une chaise de commodité très vieille, six vieilles chaises fines, le feu composé d’une paire de chenets à pomme de hêtre, une pele, une paire pincette, un pendant noir très petit, plus une grille de fer, un petit chaudron cuivre rouge, un rechaud, un trepied pour le potage, deux petits tamis, une may à pétrir sans appuy, une lampe, un soufflet, la vaisselle de terre composée d’une cruche, douze assiettes, trois plates, trois pots, six cuillères étain, un huilier verre et saliere aussy verre, trois vieux livres de dévotion le tout de mauvaise valeur.

Et en troisieme lieu nous sommes montés à la piéce au dessus ou nous avons rien à inventorier, servant à des pigeons que ledit Albaret Joseph son oncle y tenait et redessendre à ladite boutique nous y avons trouvé un paquet de fil noir et un paquet d’épingles de numéro 16 contenant 25 quarterons et n’ayant plus rien trouvé à inventorier nous avons laissé tout à sa place au pouvoir de ladite Marie Albaret héritiere qui a déclaré que les meubles et effets ont estes estimés à la somme de 250 livres et qu’elle accepte purement et simplement l’hérédité de ladite Saumade sa cousine, affirmant devant nous notaire et tesmoins que le présent inventaire contient exactement tout ce qu’elle a donné en meubles et effets mobiliers et marchandises qu’elle en a détourné n’y souffert qu’il en ait esté…. aucun de tout cy dessus, elle nous a requis acte que nous luy avons octoyé, faict et récité de suyte aux lieux susdits en présence de François Allier et Pierre Causse praticiens de Sommières, signés avec François Albaret et non Marie Albaret héritiere quy a déclaré ne savoir le faire et le requis moy Jacques Duranc, avocat au parlement et notaire royal de la ville de Sommières requis et soubsigné.       Signatures : Albaret, Causse, Allier et Duranc.