Archives du Gard. M° Chrestien. Sommières.1686                                                                         B.Pagés ADG 19.7.2010

               En 1686 la prison n’est pas prévue comme lieu de punition mais comme lieu de sureté en attendant une comparution devant un tribunal, les peines prononcées : Mort, galères ou travaux forcés, fouet, exposition, pilori, le bannissement avec ses marques au feu. Ils doivent payer une « pension » à des geôliers ou concierges avides et peu scrupuleux, on s’évade beaucoup de ces prisons mal entretenues, on peut même prendre ses repas en ville et s’y faire soigner, comme on pourra le voir dans de prochaines transcriptions de textes sur les prisons du château de Sommières.  Le Roi peut, en vertu de ses pouvoirs souverains et sans procès, enfermer des membres de tout les ordres qui présentent un danger pour la sécurité du royaume, ainsi que des fils de famille, déttiers, libertins, penseurs et protestants. Sommières était le siège d’une cour royale avec tout son personnel, située à l’actuelle place Jean Jaurès au premier étage avec accès par le grand escalier au début de la rue Jardinière. Les Justices ou fourches patibulaires avec ses gibets se trouvaient au dessus de la gare, lieu visible par la population, le  chemin actuel des 4 pilons permettait d’y accéder.

               Dans ce texte on confie à un huissier le « chargement » ou transport de prisonniers, ces délégations à des particuliers étaient fréquentes sous l’Ancien Régime, déchargeant les autorités de tâches subalternes. Amener et ramener ces détenus au parlement de Toulouse, après appel d’une condamnation de la Cour de Sommières. Le bannissement était une peine lourde socialement, rejeté de sa ville ou province et souvent marqué par le feu, le condamné allait rejoindre les miséreux d’une autre région. Les galères à temps ou à vie était une longue descente dans la misère et l’oubli dans les bagnes de Toulon ou Brest.

 

Chargement de prisonniers et procédures,

L’an 1686 et le huit du mois de juillet avant midy, par devant moy notaire et tesmoins soub nommés, a esté présent Jacob Papinau huissier en la Cour royale de Sommières, lequel de son gré c’est chargé en charge des prisonniers Damien Adam et Suzanne Castant mariés, prisonniers dans le chasteau de la ville de Sommières, lesquels ont estes condamnés par sentance de la cour aux galleres et banissement perpétuels.

Et c’est pour les conduire et mené de suyte et dans la conciergerie de la souveraine Cour du Parlement de Thoulouse, se chargeant de remetre lesdits prisonniers, ensemble leur procédure qu’il a retiré des mains du greffier en ladite Cour incessament, et fournir aux frais et despents qu’il conviendra pour ladite conduite ensemble au retour des prisonniers et des gens quy acisteront à ladite conduite, moyennant la somme de 90 livres que ledit Papinau a confessé dans d’avoir tout remis de M° Antoine Crouzet substitut du procureur du Roy, icy présent et acceptant, moyennant la dite somme le dit Papinau sera tenu comme il promet de faire la dite conduite et ramener en suyte lesdits prévenus à la présente ville, après qu’il etait jugé de suyte, à subvenir à tout les frais et despants qu’il conviendra et porter à raison de cy .

Est pour ce faire, a obligé ses biens et personne propre qu’a soumis aux Cours requises, fait et récite en mon estude, présent François Matand et Ignace Chrestien, signés avec les parties et moy notaire royal soubsigné.

++ rajouté en fin de l’acte « à la charge que ledit Papinau sera tenu de faire lesdits frais de suyte et d’aporter l’exécutoire. »                                                          Signatures.