Archives municipales de Sommières.   Vente des matériaux de la léproserie.           B.Pagés AMS 23.12.2010

La création de léproseries répond à deux idées, la charité et l’exclusion. La charité pour la pitié et la fusion avec le Christ en vue de faire pénitence. L’exclusion pour éviter l’errance des lépreux et l’hostilité des populations, les autorités civiles et religieuses ou des particuliers vont crées ces maisons spécialisées dans l’accueil et l’entretien des malades issus de toutes les couches sociales de cette époque. La léproserie se doit de vivre en autarcie avec ses bâtiments domestiques et jardins, chapelle et cimetière, le tout clos de murs, dans des endroits isolés. Elle reçoit des dons et legs, le lépreux doit lui léguer tout ses biens. Autorisés à mendier quelque fois, leur vie s’apparente à celle des monastères. Apparaissant vers le 6°siecle, ces fondations déclineront au 16°siècle avec l’affaiblissement de la maladie. Elles restent présentes dans la toponymie actuelle de nos terroirs. 
   A Sommières , présence d’un Maire perpétuel, office vénal nouvellement crée, donc non élu et rapports délicats avec les Consuls issus du suffrage communautaire. Cet office sera supprimé vers 1730. L’entrepreneur va utiliser ces matériaux pour refaire la route, empruntant le pont romain de Boisseron, venant d’Alès vers Montpellier. Un ancien chemin suivait le Vidourle traversant la Bénovie par un gué (toujours visible) appelé chemin de Lunel Neuf.

Bail de la vente des matériaux des Maladreries,

L’an 1699 et le15 jour du mois d’avril avant midy, dans Sommières devant moy greffier consulaire de la communauté et tesmoins bas nommés, a esté en personne noble Joseph d’Albenas conseiller du Roy et maire perpétuel de cette ville , lequel sachant en consequence de l’ordonance de Mg l’Intendant du 23 fevrier dernier, signifiée à la communauté et à la requete du syndict du diocèse de Nismes, avoir fait mettre aux enchéres publiques dans cete ville au son de trompe pendant trois dimanches consécutifs, et fait scavoir ce qui voulaient pretendre à l’achapt de tout les matériaux qui sont présentement compris de la maison des maladreries de cette ville, quy se trouve inhabité et sans fermatures, le long du grand chemin de cette ville à Montpellier de ce retirer dernier, devant le greffe consulaire en toute offre seront recuent en  ex…, desquelles enchéres qui furent finies dimanche dernier à l’extinction de la chandele .
Ledit Jean Baume jeune bourgeois habitant de cette ville, avait apres diverses offres moindres que la sienne, offre de donner de tout lesdits matériaux la somme de 45 livres et ayant trouvé personne qui ayt voulu sur dire par dessus, la délivrance luy en fut faite ce jour quoi qu’il acquite monsieur le Maire de luy passer bail.
A ceste cause le sieur D’Albenas de son gré et en ladite qualité, a passé le present bail de tout les matériaux qui sont à la maladrerie, concistant en pierres, thuiles et quelques solivaux et poutres dont une partie y sont par terre, bail audit Baumes jeune present et acceptant pour le prix et somme de 45 livres qu’il a tout présentement et reellement payé à madame de Pruneyron, dame de la Miséricorde pour estre employé à la  charité des pauvres de l’hospital de cette ville, conformement a la susdite ordonance, de laquelle somme de 45 livre ladite Dame et le sieur Maire en ont quite et acquité ledit sieur Baume avec promesse de le faire estre quite envers avec qu’en tout luy appartiendra, consentant qu’il prene  et fasse emporter tout les matériaux quand il luy plaira .
Et pour l’observation de tout ci dessus, lesdits parties comme chacun les concerne ont obligé, scavoir ladite Dame de la miséricorde et ledit Maire sur les biens des pauvres et ledit Baume sur les siens propres, soumis aux Rigueurs de Mr le Sénéchal Juge Présidial, Petit Scel Royal de Montpellier Royale de Sommières et toutes austres requises, ainsy l’ont promis et jurés, fait et récité dans l’hostel de cette ville.