Le grand chemin français de Montpellier à Alés

A l’antique voie Domitienne se rattachaient des chemins de pénétration vers les Cévennes en lien avec le commerce méditerranéen et le trafic continental de cette voie.  Appelé «  chemin d’Assas vers la France » ce qui évoque le temps où le Comté de Toulouse des Raymondins n’était pas rattaché au Royaume de France, l’ancienne voie de « Substantio /Alestum » est décrite par deux documents anciens.

   Le premier document c’est  « l’itinéraire Brugeois »  recopié au 15 S°, guide des routes de du monde médiéval à l’intention des pèlerins se rendant sur les nombreux lieux de cultes, ici c’est les sanctuaires du Puy et de Notre Dame des Tables de Montpellier, célèbre à l’époque médiévale. Le guide nous indique : Montpellier , Assas, Fontanes, Aiguebelle (Brouzet) et Quissac)

Ce chemin, sous le nom de drailles, est parcouru par les immenses troupeaux d’ovins des grandes abbayes du Littoral rejoignant les Hautes Cévennes pour la période d’estive. Sur cet itinéraire des indices : gués aménagés, vestiges de ponts, ornières, toponymie (pierres plantades), témoignent de son utilisation millénaire. Emprunté par des caravanes de mules batées puis par des charriots, il était le plus court chemin pour rejoindre les foires de Champagne et les villes commerciales du Nord.  Mais peu à peu il sera délaissé au profit de la vallée du Rhône.

     Le deuxième document est l’enquête de Mr de Froidour Grand Maitre des eaux et forêts du Languedoc, chargé par les intendants des deux provinces, de reconnaitre et d’évaluer les travaux à effectuer pour une éventuelle remise en service de ce chemin sous le nom de « Visitation du chemin de Régordane » ( il était relié à la grande route Nimes à l’Auvergne, le chemin de Régordane). C’est à la requête de marchands de Montpellier qui avaient pour projet de réactiver, grâce à ce chemin, le commerce et le négoce avec le Puy en Velay. C’est un document intéressant par la précision  les descriptions détaillées  (il fait tout le parcours à pied, accompagné de guides)  sur l’état du chemin et des terroirs qu’il traverse, s’informant auprès des paysans et des Consuls, le tout dans un manuscrit cent pages qui nous éclaire sur le charroi et la nature des marchandises transportées, les travaux à réaliser et enfin l’intérêt à remettre en fonction ce chemin qui sera utilisé jusqu’au 19 S°.

Le chemin, venant de Fontanès, traversait le Brestalou sur un pont ruiné (restes de piles et avant becs, peut-être antiques), passait ensuite entre le mas de Figuier (grande pierre plantée) et Vacquiéres continuant devant le magnifique mas de la Tour (belle construction du 18 S)) puis sous le moulin de Vére (gué avec passes piétonnières) pour rejoindre Aiguebelle et Quissac

 

Bernard Pagès.            Mémoire-sommières.com