Le moulin de Vére. Corconne.

 

Le moulin à farine à roue horizontale (tourille) est la technique privilégiée depuis le moyen-âge des méditerranéens pour la mouture des « bleds » (toutes les céréales). Un barrage submersible ou reclauze emmagasine l’eau de modestes ruisseaux,  le Vére et un affluent du Brestalou, cette réserve  une fois remplie, peut en se vidant par une canalisation de pierre, entrainer la roue (ou rodet) à godet en lui imprimant un mouvement circulaire qui entraine un axe vertical mettant en rotation une meule de pierre (tournante) qui broye le grain sur une meule fixe (dormante), la force centrifuge rejette la farine dans un coffrage de bois. L’eau rejoignait le bas de l’écluse en forme d’abreuvoir pour les ovins.

On pouvait régler le débit de l’eau et l’écartement des meules avec un système de tringles métalliques. Ce procédé rustique ne fonctionnait que  les quelques heures nécessaires à la vidange de la resclauze (éclusées).   Les moulins du Vidourle ou de l’Hérault à roue horizontale pouvaient fonctionner en continue mais étaient sensibles aux inondations et aux périodes d’étiage.

Ces nombreux moulins, disparus ou ruinés, étaient  nécessaires à une population dont la nourriture de base était constituée par des céréales ( froment, épeautre, seigle, méteil, orge, millet, légumineuses…) et dont la culture occupait la majorité des terroirs. Cette technologie simple fut utilisée aussi dans des moulins à tan ( pour réduire l’écorce de chêne) ou à foulon (pour traiter les tissus).

Ces moulins appartenaient aux seigneurs,  parfois à des communautés civiles ou religieuses, qui arrentaient sous différents modes de faire valoir à un meunier chargé du fonctionnement du moulin et de l’entretien de quelques terres attenantes. Les seigneurs pouvaient aussi faire jouer leur droit de ban  (vieux droit féodal de contrainte et de commandement) qui obligeait la population à utiliser son moulin (ou son four à pain).

L’état du moulin rends difficile la date de sa création,  mais on peut penser au 15 S° comme beaucoup dans la région, construction courante avec sa chambre des eaux en sous-sol, sa chambre des meules et un étage avec le logement du meunier et parfois une écurie.  On sait par un document notarial qu’il fut détruit en 1704 pendant la guerre des Camisards, par les troupes de  Jean Cavalier un des chefs de l’insurrection des protestants cévenols, au cours de l’attaque du fort de Corconne ; Destruction courante (et facile) dans les conflits de l’ancien régime pour affaiblir et terroriser les habitants.

Bernard Pagés.  Mémoire-sommières.com