Archives de l’Hérault. C280.                                                           Bernard Pages. ADH 9.3.2013

 

       Estime des réparations à faire au moulin de Vére à Corconne après sa destruction par les troupes Protestantes en 1703.

Le moulin de Vére est situé sur la route qui relie Brouzet à Corconne sur un petit affluent du Brestalou, le ou la Vére. C’est un moulin à céréales (bled) à roue horizontale ou tourille (roue à godet), il fonctionne par intermittance avec l’eau retenue par une écluse (resclause) au dessus du moulin. Cette écluse, grand mur maçonnée en bon état, existe toujours avec à sa base un bassin qui pouvait servir d’abreuvoir à ovins. Le bâtiment est ruiné et envahie par la végétation mais on peut voir l’arc de la voûte du canal de fuite pour la sortie de l’eau et le chemin pour accéder au moulin et peut être une arrivée latérale qui alimentait aussi le moulin. Dans le moulin un atelier de meunuiserie produisait des affûts de fusil (crosse).
 Une ancienne voie médiévale venant de Vacquiéres (et Montpellier) se dirigeant vers Brouzet, Quissac et les Cévennes est visible un peu plus bas (passes).  Sa destruction est un épisode de la guerre des Camisards (1702-1704) : en octobre 1703, après avoir tenté de prendre la château de Sommières sans succés, mais en détruisant les faubourgs, les troupes de Jean Cavalier se dirigeant vers le fort de Corconne avec le même but, détruiront au passage le moulin de Vére. Les destructions de moulins étaient fréquentes et malheureusement efficaces à une époque où la farine était la base de l’alimentation.
Il est dommage que les municipalités (ou des bénévoles) concernées n’interviennent pas dans le nettoyage de ce témoin de l’histoire locale (quelques journées de travail suffiraient à le conserver). Il parait qu’il existe des responsables du patrimoine dans les Communautés de Commune…..

 

 

     Nous soubsignés Antoine Jean M° meunuisier et Jean Julhian M° masson du lieu de Corconne expert priés et nommés par M° Pierre Charles commissaire subdelegué des Messieurs de l’Assiette de Nismes, et suivant son ordonance du 5 may et par l’exploit d’assignation à nous donné le mesme jour par François Jean siegeant aux ordinaires dudit Corconne pour proceder à l’estamation et vérification du moulin àblet sur la riviere de Vére  aux extremités du terroir de Corconne et de la paroisse de Brouzet quy a esté coupé  et brullé par les fanatiques le 14 decembre 1703 qui apartiens à Louis Jean et Blaise Vernede du lieu de Corconne, nous serions porter le mesme jour pour faire  ladite verification  acompagné de Louis Jean et Antoine Igounet rentiers dudit moulin.
Premierement avons trouvé le haut du moulin tout brullé et mie en ruine, ayant ledit moulin une longueur de 6 canes (12m)  et de largeur 24 pans (1 pan= 25cm) , faisant le couvert 20 canes à 10 livres la canemonté (2p).
Plus avons trouvé les meules dudit moulin brullées et cassées hors d’estat de pouvoir servir estant de la valeur de 150 livres.
Plus  a esté brullé tout le boisage servant au moulin, consistant à l’entremiage, encastres, la maix qui recoit la farine, et le cercle qui entoure les meules, et autres maix pour tenir le bled dudit mouturel, evalué le tout à 35 livres.
Plus a esté brullé une grosse corde sevant pour lever les meules dudit moulin de valeur de 12 livre
Plus Antoine Igounet rantier dudit moulin  luy a esté enlevé ou brullé dans le moulin cinq sacs de farine de deux cestiers piesse, évalué à 60 livres la farine
Plus luy a esté enlevé une grosse romaine pesant 3 quintals 2 livres qu’il tenait audit moulin pour peser le blet et farine de la valeur de 12 livr
Plus luy a esté enlevé une ache et une assette de la valeur de 30 sols piesse faisant 3 livres. (3p).
Plus luy a esté brullé un establier de bois  servant pour travailler la meunuiserie , son tour à tourné et autres boisages, comme six afuts de fusil et autres boisages de la valeur de 12 livres.

 

Après avoir tout suputé, avons trouvé tout le domage dudit moulin  revenir à la somme de 484 livres et le tout avons fait et proceder selon Dieu et et notre conciance, fait à corconne   dans la maison de Jean julian  le 5 may 1704 et nous sommé et signé.          Signatures.

 

                                                                                                         

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