Vers 1750, le regard d’un habitant d’Aubais sur le village de Junas.

Le lieu de Junas et une très aymable et des plus charmantes bourgades, située au très bel air ; leur principale richesse ne sont pas les seules cougourles que ces cougourliers et cougourlières y recueillent avec tant d’abondance, c’est  avec ce fruit que toute l’année ils font leur brouet pour eux exquis.

Ils ont dans leurs enclos de très belles fontaines dont les eaux vives, salubres et salutaires ont la propriété d’engraisser, aussi leur voit-on une face aussi grosse que les susdites cougourles. Voici leur appétit le jour de leur noce : c’est la soupe  de riz cuit au safran, leur pitance les épaules de mouton avec une gardianne d’un ou deux lapins terriers ou domestiques, que nécessairement en ce jour ils ont d’où qu’on puisse les avoir ; à souper un bon plat de truffes. Les médecins assurent que cet aliment échauffe, mais aussi ces délicats bourgeois assurent qu’il est très bon pour la génération, propation et pour le doux fruit de leur mariage. Trois jours après la noce, l’oignon à la croque au sel est le premier véhicule de leur repas.

Lorsqu’un joueur d’hautbois de quelque pays que ce soit, arrive dans ce lieu, le laboureur quitte sa charrue, le travailleur sa journée, les femmes et les filles l’occupation des champs, ils prennent tous le galop et qui y arrivera le plus tôt pour danser, ce qui dure quelque fois une semaine entière.

Compoix de Junas. 1659.