Le château des Baschi à Aubais.

Société archéologique de France. Congrès de 1999. Extrait de B.Sournia et JL.Vayssettes. Gallica. Bnf

     Chef-d’œuvre inconnu de l’architecture régionale, n’ayant pas trouvé sa place ni dans les grandes publications de l’âge classique, ni dans les voyages pittoresques et autres études patrimoniales du XIX° siècle, plus friandes d’architecture médiévale, sauf peut-être la renommée de sa bibliothèque. La ruine explique cet oubli dans les limbes de la mémoire régionale. Le château incendié et saccagé en avril 1792 vendu et morcelé en plusieurs unités de propriété n’offre aujourd’hui que des vestiges dénaturés.

L’épisode majeur du château est son extension entreprise à partir de 1680-1685 par Louis Baschi du Cayla et continué par son fils, l’érudit marquis Charles Baschi du Cayla. Le château médiéval, dépendance de la vicomté de Nîmes passé par alliance aux Baschi en 1591, s’était situé jusque -là sur la bordure sud-ouest de l’escarpement dont le village d ‘Aubais occupe le plateau culminant. Il avait fait l’objet d’une premières rénovation, vers la fin du XVI° siècle et au début du XVII°, dont témoigne toujours une tour ronde dominant l’à-pic de la colline. L’extension consista à développer le château vers le sud en créant un grand cartier c’est-à-dire un long corps précédé dune cour d’honneur et centré sur un pavillon médian. Ce pavillon constitue un volume stupéfiant à la fois par l’ampleur de son échelle et par la virtuosité stéréotomique de l’escalier qui s’y déploie. Son couvrement, une coupole en pendentifs, est aussi un morceau tout à fait remarquable de stéréotomie. Un lanternon (de charpente) surmontait primitivement l’oculus s’ouvrant au zénith de cette coupole. Les créateurs associés de cet ensemble furent le maitre maçon et architecte Gabriel I° Dardailhon, valeureux fondateur d’une dynastie de constructeur à Nîmes de 1665 à la fin du XVIII° siècle et Ponce Alexis de la Feuille sieur de Merville, ingénieur du Roi actif en Languedoc de 1669à sa mort en 1684, comme inspecteur des ouvrages du Canal Royal.

Le plan de 1680.

A l’époque précise où commence à tomber en désuétude, dans l’architecture française, le motif des pavillons ; où le château tend partout à prendre la forme d’un bloc horizontal sans combles apparents, le premier motif de surprise qu’offre le plan d’Aubais tient à l’archaïsme de son parti, centré sur un pavillon à comble haut et à l’escalier central ! De prime abord voila un château en marge du courant majeur de l’évolution, tributaire encore de la culture architecturale du siècle précédent et des débuts du XVII° siècle, réfractaire à l’air du temps…..

Coté village, le grand cartier du château avec son pavillon axial est accosté de deux avant-corps. Des communs, cachés derrière des murs renards, étaient prévus pour former deux prolongements latéraux. Dans ces annexes se trouve le deuxième sujet d’étonnement que nous offre la plan d’Aubais avec l’extraordinaire développement prévu pour ces prolongements, qu’on semblent d’ailleurs n’avoir jamais terminés :  en extension maximale le château aurait compris une première cour de commun précédent la cour d’honneur et séparé d’elle par une clôture, peut-être une grille. Ces espaces remembrés au dépends de dizaines d’habitation, formaient un quadrilatère de cent sur quatre- vingt mètres, avant d’être regagnés par l’urbanisation consécutivement à la revente du château en bien national. …….

Suis l’étude détaillée du Grand Degré : c’est un degré symétrique (escalier double d’après le prix fait), alternant montées convergentes et montées divergentes. D’une exceptionnelle monumentalité, il fait nettement écho par les sophistications de sa structure, ses prouesses stéréotomiques et sa recherche de l’effet théâtral, aux grands degrés français du milieu du siècle à la manière de François Mansart ou Louis le Vau. La recherche spectaculaire va même ici jusqu’à l’absurde : les deux volées les plus basses construite pour parfaire l’effet de symétrie ne mènent nulle part ! …….

Suis les variantes qui sont introduites, à la lecture du prix fait, au cours du chantier dans la réalisation de ce singulier pavillon…..

Suis la façade : extérieurement, le parti d’ensemble est fondé sur l’opposition tranchée entre le  pavillon central, à la plastique généreuse, et le reste des bâtiments dénudés jusqu’ à l’abrupt……..

Enfin sur les auteurs, Ponce de la Feuille vu comme un consultant institutionnel, délégué du pouvoir central…. Dardailhon  plus entrepreneur local… Question posée sur la part .respective des deux constructeurs cités parles documents, le Parisien et le Nîmois…. Ou comment se conjuguent les apports d’hommes de culture différente pour donner forme à un monument hybride où s’exprime toute la complexité de la conjoncture historique…….

 

Différentes Coupes de l’escalier.