Le hameau de Gavernes actuellement sur la commune de Junas est situé au carrefour d’anciens chemins : celui de Junas vers les moulins du Vidourle et celui des Deux Roques, l’ancien chemin de Sommières à Aigues-Mortes (chemin du sel). C’est aujourd’hui un mas important peut être l’emplacement d’un château féodal (péage ?) et d’une occupation antique. Sa possession fut revendiquée au fil des siècles par la viguerie de Sommières devenue royale en 1248 et par les seigneurs d’Aubais, ponctuée par de nombreux procès qui virent la mise en place d’un bornage de termes en pierres toujours visibles délimitant les territoires (ou les dîmeries). Parmi ces péripéties juridiques, on trouve en 1640 l’échange de la colline du Devès possession de la Communauté de Sommières et de sa viguerie contre le droit d’Encan sur le marché de Sommières (droit sur la vente des choses mobilières)  appartenant aux Baschi d’Aubais ; En 1678 c’est l’échange du mas de Christin et du mas de la Vieille de la famille de Gallières contre le mas de Saint-Félix (Saint- Séries) possession du marquis d’Aubais. Par ces échanges, le rachat de terres et les droits seigneuraux, il intégrera Gavernes dans le marquisat d’Aubais.

 

L’église de Gavernes.

Par l’abbé Goiffon dans ses monographies des paroisses de l’Archiprêtré de Nîmes (1881)

Ce territoire renferme encore un ancien prieuré aujourd’hui simple ferme, c’est Saint-Saturnin de Gavernes ; prieuré simple et séculier uni à la mense capitulaire de l’église cathédrale de Nîmes, Le service y était fait quelques fois par les prêtres de Sommières ou d’Aigues-Vives, mais plus ordinairement par le curé de Junas qui recevait à cet effet 50 livres par an.

Le plus ancien fait historique dont fassent mention les archives est du 28 mai1448. Depuis longtemps il y avait procès entre les prieurs de Gavernes et les seigneurs d’Aubais, au sujet de la dîme ; à cette date le procès se termina par une transaction entre le prieur Hermangaud Fulconi, chanoine de Nîmes, et noble jean de Bozéne, seigneur d’Aubais. Celui-ci s’obligea à payer les dîmes au quartonsain pour les terres qu’il avait dans la juridiction royale de Gavernes ; il fut cependant convenu que s’il venait a s’aliené ces terres, les acquéreurs en paieraient la dîme au onzain, comme les autres habitants ; cette transaction fut autorisée par le chapitre le 6 aôut 1448 et confirmée en 1606 par arrêt d Parlement de Toulouse.

L’église de Gavernes fut un moment un lieu de pèlerinage assez fréquenté ; afin de favoriser cette dévotion des peuples, à la demande du prieur Antoine de Gaude, le cardinal Guillaume Briçonnet évêque de Nîmes et cardinal de Reims, accorda une indulgence de 100 jours comme cardinal et une autre de 40 jours comme évêque à ceux qui s’étaient confessés et ayant communié visiteraient l’église Saint-Saturnin de Gavernes, les jours de Pâques, Fête-Dieu, Pentecôte, la vierge Marie et de Saint Saturnin. En 1525 le prieur Jean de Saint-Jean, chanoine de Nîmes, reçut une reconnaissance.

L’église de Gavernes fut abattue par les protestants, en 1622, au moment où il était question d’y établir un curé à poste fixe. Il n‘y eu pas de suite à ce dessein, d’autant que pendant 50 ans, au moins, malgré les poursuites du chapitre, on ne put rentrer en posséssion du sol et des ruines de cette église ; lorsque Mg Cohon y passa en cours de visite pastorale en 1659 il la trouva « en ung estat de prophanation sevant à retirer les volailles du sieur d’Aubais ». Aussi vers la fin de son épiscopat, sur la requête du chapitre, le 16 juillei 1670, il rendit une ordonnance d’union de l’église de Gavernes à celle de Villetelle ; cependant bientôt l’église fut rétablie par l’adjudication des réparations de 1671. Lors de la visite de Mg Séguier l 23 mai 1674, elle venait d’être reconstruite à neuf et les catholiques habitants ou propriétaires dans le territoire le supplièrent avec insistance de rétablir le service divin, interrompu sous le prétexte qu’il n’y avait pas de catholiques dans la dîmerie, si ce n’est quelques domestiques. Le curé de Junas fut chargé de reprendre le service.

Quelques temps après, le 16 novembre 168, à la requête des consuls de Junas et Gavernes, le grand vicaire de Nîmes porta une ordonnance obligeant le syndic du chapitre, comme prieur de Gavernes, de fournir annuellement aux pauvres du lieu une aumône d’une demi salmée de mescle.

On pouvait voir contre le mur de la chapelle deux autels votifs romains.