Après la Révocation de l’édit de Fontainebleau qui révoque l’édit de Nantes (1598) en 1685, la religion est interdite, les temples sont détruits et les pasteurs exilés. Les protestants (Religion Prétendue Réformée) vont subir des menaces, des spoliations, des privations de droits et des exactions commises par les troupes royales: les dragonnades. Certains vont prendre la clandestinité pour célébrer leur culte au « Désert », pourchassés et condamnés ils vont se rebeller et devenir des camisards ou « fanatiques ». Pendant deux ans c’est une guerre aveugle et impitoyable, réduite au Gard et à la Lozére, qui va se dérouler entre les troupes royales, aidées par les milices bourgeoises catholiques, et les camisards : incendies d’églises, destruction de batiments et moulins mais aussi massacre de soldats et membres de la population civile ne répondant pas aux critères religieux des différents protagonistes. Devant cettte répression de nombreux protestants vont s’exiler ou abjurer et devenir des nouveaux catholiques ou nouveaux convertis, surveillés et embrigadés par le clergé mais aussi honnis par les camisards restés fidéles à leur foi et qui comme dans ce document ne leur accorde aucune indulgence, alors que ces abjurations de « façade » ne sont prises que pour protéger leurs biens et leurs familles. Ces faits se déroulent dans les villages de Serviers, Saint Médier et Montaren (près d’Uzés). D’autres faits tragiques se déroulent à Saturargues et Sommières à la même époque.
Il existe de nombreuses publications relatives à cette guerre: les ouvrages de Ph. Joutard et A. Jouanna dont la Révocation de l’édit de Nantes, une derniere parution, les guerres de religion (1559-1598) d’Olivia Capri et l’histoire de France chez Belin le tome 1559- 1629 de N. Leroux, qui permettent de se mettre dans le contexte de cette époque mouvementée.
« Le 12 septembre 1703 sur l’heure de dix du soir, estant venus les Camisards au nombre de dix ou douze venant de Saint Médier. Ils sont allés trouvés cinq homme couchés à leur bétail rossin, ayant attaché Jean Arnal fils de Paul agé de 12 ans avec Jacques Beneset, on avait aussi attaché on avait aussi attaché deux autres Jacques Gardin Germains et Jean Chapelier l’ayant attaché tout seul et ensuite les ayant amenés dans le lieu de Cruviers, l’ont à trouvé une plus grande quantitéde ces malheueux dont ledit Beneset se détacha et se sauva. Les deux Gardins feurent détachés comme estant nouveaux catholiques. Il ,y en avait une grande quantité dans la maison de Paul Larnac, ayant commencés de rompre les coffres et d’attacher sa femme et quatre enfants, les ayant éguorgés, la mére agé de 50 ans, de ces filles l’une Marie agée de 14 ans, Isabeau agée de 9 ans, firmine agée de17 ans, lequel meurtre fut commi à la porte de la basse cour, les ayant faits mourrir par divers coup de bayonnete et d’ache et austres instruments très cruels. Ayant trouvé Fimine qui respirait, on la fit emporté au lieu de Monterans estant dans un estat et n’a pas pu se relever. Ils ont tué aussy au mesme endroit, deux femmes nommée Marie Larnac agée de 57 ans et Catherine Courtine sa niece agée de 25 ans, laquelle estait enseinte et estait fille à Jacques Coutin et femme de Pierre Pialet, tuées de mesme que les austres avec coup de dague et austres instrumens, on estait tué aussy à deux pas de là Jean Chapelier agé de 80 ans en divers coups d ‘ces et dagues sur sa tete et ont luy brulé sa femme dans sa maison toute consummée en poussiere estant agée de70 ans et ensuite on lui a brulé sa maison qui estait composé de six membres et tout les effets qui estaient dedans. On a mis le feu à la porte de la veuve Beneset ne l’ayant point enfoncée, la porte de l’escurie de Larnac Cruvier sa esté brulé et à la maison de Jacques Courtin ons luy a brulé un membre. «
Estats des effets quy sont esté brulé dans la maison de Paul Larnac (incomplète)
Premierement dans la cuisine deux a maix à petrir le pain l’une en bois noyer ses pieds tournoyés avec un tiroir, bonne valeur, l’austre grande ou il pouvait pétrir 9 emines bled, bois chéne. Plus un lit gany estant de bois noyer, de sa paillasse, mattelas et traversier plus une vane indienne bonne valeur et garniment de coutounine et son surceau. 3 -Plus une douzaine de chéses saule garnies de sagne. 4 – Plus une table de bois rouge ses pieds tournoye avec un tiroir. 5 – Plus dix plats, quatre cdouzaines d’assiettes, quatre écueles et trois douzaines de cuillers le tout étain, deux peintes, unaustre peinte de carteron et trois salieres de mesme etain comme pezant le tout un quintal et vingt cinq livres . 6 – Plus trois chauderon cuivre tenant un de huit seau et lautre de 6 et lautre de quatre moyenne valleur. 7 -plus une marmite de cuivre un seau peu de valleur. 8 – Plus quatre tamis pour passer la farine moynne valeur. 9 – Plus quatre aches de moyenne valleur, un seau de farine tout plein et un autre en pain.
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