Placet, vieux mot (il plaise à votre majesté), utilisé pour demander justice, grâce, faveur ou service, écrite et souvent succinte elle était adréssée au Roi ou à ses représentants. Ces requêtes ou supplications arrivaient nombreuses à Versailles ou aux Gouverneurs et intendants de province.
Celui ci se rapporte à l’année 1748 à Anduze et montre que les couvents étaient employés comme lieux de réclusion pour huguenotes obtinées. Cest une « pauvre fille » qui expose comment elle à été par deux fois séparée de son père qui a besoin d’elle et comment elle a pu réussir à s’échapper du couvent.
A Monseigneur le Maréchal duc de Richelieu . Monseigneur,
Jeanne Serre, du lieu de Besside, paroisse de Valleraugue, diocèse d’Alais, représente très humblement à votre grandeur qu’elle a été du nombre des filles qui ont été mises en 1738 au couvent d’Anduze, par ordre de monseigneur l’évêque d’Alais. Après y avoir été environ huit ans, elle en est sortie. Mais elle n’a pas jouy longtemps de cette liberté, car en octobre 1747, on a signifier à son père le sieur Serre une lettre de cachet avec l’ordre de remettre l’exposante au nommé Beauregard du Vigan pour étre de nouveau reconduite au couvent d’Anduze et de payer la somme de 45 livres pour la pension de trois mois et 6 livres par jour à ce conducteur. Le sieur Serre obéit d’abord pour la remise de sa fille et l’argent entre les mains de Beauregard en présence des Consuls de Valleraugue. Elle trouva le moyen de s’echapper dans un bois de la route. On fit plusieurs perquisitions inutiles pour la trouver. Le sieur Serre, son père, cité devant Monseigneur l’Intendant fut mis en prison à Montpellier, détenu pendant deux mois. L’Intendant convaincu de son innocence l’a fait élargir. Et d’autant que l’éloignement de sa fille prive son père de ses secours, se trouvant chargé de huit enfants, desquels sa fille est l’ainée, avec une fortune très médiocre. L’exposante implore votre protection, Monseigneur, et vous supplie, avec toute la soumission et le respect dont elle est capable, de vouloir bien lui accorder la grâce de retourner dans sa famille, où elle est nécessaire, et elle fera des voeux au ciel pour votre santé et prospérité .
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