Le grenier à sel de Sommières.
Le grenier à sel de Sommières occupait depuis le XV° siècle et jusqu’à sa démolition en 1805 (après la suppression de la gabelle en 1790) l’actuelle rue du grenier à sel face nord de la place Saussines (voir plan), accolé aux murs de la Communauté Il comprenait trois greniers ou entrepôts où le sel était conservé durant deux années pour assurer séchage et réserve. Dans ces locaux pour la réception du sel des salines, c’est tout un personnel hiérarchisé qui préparait les commandes (pour la voiture du sel), personnel dont certains sous le régime de l’office, ces importantes livraisons étaient destinées aux tanneries, teintureries, savonneries, médecine… et à l’agriculture pour la nourriture des animaux et la conservation d’aliments. Le magasin attenant, outre la tenue des comptes, vendait le sel « à pôts et salières » et pour la salaison domestique aux particuliers, il approvisionnait aussi des regratiers pour la « revente du sel à petites mesures ».
Le sel provenait des salines royales du Pécaïs (Aigues-Mortes) par Lunel et son canal puis à dos de mulet et charrettes jusqu’à Sommières (chemin d’Aymargues sur d’anciens plans). Etape avant les Cévennes dans les affinages et auberges du Bourguet. Cévennes d’où de nombreux marchands venaient s’approvisionner à Sommières.
L’histoire du grenier à sel et de l’impôt indirect ou taxe de la gabelle reste à faire : passionnante (nombreux documents dans les Archives) mais comme les divers services ou fonctions de l’Etat sous l’ancien régime extrêmement complexe : Six régimes différents pour la France, mesures de quantité propres à chaque grenier, règlements variables, régimes de la Ferme et de l’Office, juridiction particulière, hiérarchie stricte, nombreux lieux de productions ou salines, contrebande des faux-sauniers.
Scène du départ de la voiture du sel. Anonyme du XVIII°S. ( Livre « Payer pour le Roi » de Mireille Touzery)
C’est l’entrepôt d’un grenier à sel. Le produit devenu compact doit être morcelé par des raseurs aux pics puis des paleyeurs remplissent des paniers avec des pales (pelles) qu’ils déversent dans la trémie réglementaire, identique dans tous les greniers depuis un Arrêt du Roi en 17 pour limiter les fraudes, un homme réduit les blocs avec un maillet de bois. Sous la trémie une mesure, peut-être un boisseau (50 l.) en bois et cuivre marqué aux armes du Roi ou des titulaires de l’office de ce grenier, recueille le sel, plusieurs personnes s’occupent de cette tâche : le remplissage des sacs, un gamin muni d’une bate égalise ou tasse ( ?) les mesures. Les sacs de ce grenier contiennent quatre boisseaux donc 200 litres ou kilos, charge pour un mulet bâté. Sur la droite un homme en bleu tamise le « sel sale », reste des opérations de remplissage ou en vue d’obtenir un sel exempt de déchets. Les sacs fermés sont plombés avec une masse pour laisser une empreinte ou sceau. A gauche présence d’un contregarde ou mesureur-juré en tricorne qui surveille les opérations. Les sacs sont portés vers les mulets ou les charrettes sur des brancards, un aide mesureur-juré compte les sacs à la sortie, ces personnels doivent savoir lire et écrire. Des documents vont accompagnés la voiture du sel et seront vérifiés durant le voyage par des agents de la gabelle et à l’arrivée par le destinataire.
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